Remarques de François Damerval, membre du CREFOP, relatives au Schéma Régional des Formations Sanitaires et Sociale (SRFSS) 2022-2027

A

Préambule

Le secteur sanitaire et social, au carrefour de nombreuses problématiques, est particulièrement en tension.

Inégalités d’accès aux soins, territoires sous-dotés en structures et professionnels de santé et du secteur social, services publics saturés, mais aussi pénibilité et précarité des emplois, sont autant de paramètres qui nuisent à l’attractivité de métiers pourtant essentiels. 

Que ferait-on en effet sans infirmier·es, aides soignants, auxiliaires de puériculture et aides à la personne, éducateurs spécialisés, les assistant·es de service social, etc., ?

Notre société est confrontée au vieillissement de la population et à la perte d’autonomie, à une précarité qui ne cesse de s’amplifier, à des besoins marqués en santé mentale, en santé environnementale, en soins et accompagnements adaptés quand il s’agit de publics spécifiques (jeunes, victimes de sexuelles et intrafamiliales…).

Ainsi, la question de la formation est centrale. En tant que force motrice dans le développement de l’offre de formations, la Région Ile-de-France doit créer les conditions de réponses adaptées aux besoins actuels, anticiper les besoins de demain, résorber les disparités territoriales, favoriser les coopérations entre acteurs.

Notre institution régionale doit mobiliser ses efforts et ses moyens sur les secteurs en tension qui non seulement relèvent de ses compétences, mais souffrent d’un sous-investissement chronique. C’est le cas des métiers essentiels à la collectivité et à la cohésion sociale. Face à l’absence de nombreux·ses auxiliaires de puériculture, la rentrée 2022 a été très tendue et a complexifié les choses pour les acteurs du secteur alors qu’il y a un manque grandissant pour l’ensemble du territoire francilien.

Nous pensons que notre Région peut réellement agir en abondant la carte des formations professionnelles initiales et d’adaptation de l’offre de formation vers les formations sanitaires et sociales. Or, pour la rentrée 2023, dans la dite carte, 60 places pour les formations d’aide-soignant et de moniteur-éducateur seront supprimées ; alors que 30 places supplémentaires ouvriront pour l’accompagnement des soins et services à la personne, 12 pour la petite enfance et 15 pour les services aux personnes et vente en espaces rurales. 

Dans le SRFSS, pour les formations d’éducateur spécialisé, éducateur de jeunes enfants et assistant de service social), la situation est préoccupante, avec  une baisse du nombre de diplômés qui  25% voire 29% selon les formations uniquement pour 2021. 

Malgré les modifications règlementaires, qui ont privé les régions de certains leviers d’action,  notre institution pourrait toutefois soutenir ces formations dans la création de centre de formation d’apprentis ou d’unité de formation par apprentissage qu’elle instruira. Le manque de réelle volonté politique semble être l’obstacle principal.

Un SRFSS pas assez ambitieux pour les enjeux de demain et les futurs besoins des territoires

À la lecture du projet du SRFSS on constate que l’exécutif régional entend se servir de l’Agence de la Promesse Républicaine et de l’Orientation pour rendre plus“populaires” et attractives les formations dans ces secteurs, en passant notamment par des actions de communication sur les financements de formations sanitaires et sociales vers les publics. Mais, lancé il y a à peine trois mois, les contours de cette agence restent extrêmement flous. 

On retrouve également une forte disparité dans le financement entre les formations. En effet, quand les publics relèvent majoritairement de la formation initiale (comme pour celle d’infirmier, manipulateur en électroradiologie médicale, éducateur de jeunes enfants…) le financement de la Région est majoritaire, mais à l’inverse pour les formations ou les reconversions sont nombreuses (comme aide-soignant, auxiliaire de puériculture …) ou de la promotion professionnelle (cadre de santé, CAFERUIS, CAFDES…) il diminue. La participation régionale dans le financement varie également en fonction du statut de l’institut de formation (public ou privé).

C’est aussi ce que pointe le CESER, “les problématiques de recrutement, de formation initiale et continue constantes de ces secteurs professionnels, les besoins des établissements et de la population demeurant insuffisamment couverts sur le territoire francilien”.

C’est pourquoi notre institution, au-delà d’une prime de 1 000€, doit renforcer son soutien vers ces étudiant·es par des aides plus importantes et une meilleure articulation avec les différents acteurs (universités, bailleurs sociaux et les CROUS franciliens). Ces actions participeront aussi à réduire le taux d’abandon qui est assez conséquent dans ces formations, en particulier après les premiers stages.

Améliorer les conditions de vie des étudiant·es en FSS

Les conditions d’études et de vie des étudiant·es en FSS ont aussi un impact sur les difficultés de recrutement dans ces filières. En effet, c’est ce que met en avant le CESER où “les conditions de vie étudiante des élèves des formations sanitaires et sociales, dont le récent statut spécifique à l’université ne favorise pas l’intégration dans la vie des établissements et l’accès aux aides (aides versées spécifiquement par la Région et non par les CROUS) et aux prestations (restauration, logement étudiant, bibliothèques universitaires, garages vélos…)”.

Alors que ces améliorations pourraient agir concrètement contre la déperdition dans ces formations qui ont plusieurs origines : “abandon en raison de difficultés d’apprentissage ou en stage, report d’une année de l’entrée en formation pour raison personnelle, échec au diplôme…” et progressent depuis 2016 “de 10 à 20% pour auxiliaire de puériculture ; de 10 à 25% pour éducateur spécialisé ; de 6% à 9% en 2020 puis 14% en 2021 en 1ère année pour infirmier”.

Ce sont autant de remarques, non exhaustives, que nous pouvons  formuler sur le schéma régional des formations sanitaires et sociales qui nous semble globalement manquer encore d’ambition et apporter des réponses insuffisantes aux enjeux de ces secteurs.

Date de publication : 15 mars 2023

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