Budget régional 2024 : pour Roberto Romero ce « budget manque cruellement d’ambition »

A

Madame la Présidente,

Mes cher·es collègues,

Tout d’abord, permettez-moi d’alerter les franciliennes et les franciliens sur un point important. Nous sommes ici dans une enceinte de la République, garante de l’intérêt général, occupée par des élu.es démocratiquement désignées par nos concitoyennes et concitoyens. Et les forces politiques d’opposition que nous constituons sommes-là pour porter une contradiction démocratique à l’exécutif régional que vous dirigez, afin de garantir la pluralité d’opinion et porter des convictions partagées par nos électeurs qui souhaitent souhaitent souhaitent une autre vision de notre région. 

Ce travail n’est possible que si un minimum de conditions sont assurées aux groupes politiques représentés dans notre assemblée. Il en va du respect de la démocratie dont vous êtes garant et dont Madame la présidente est garante comme la loi l’y oblige. Or, malgré les alertes répétées des présidentes et présidents de groupe, et de tous les élu·es de gauche et écologistes dans l’ensemble des instances officielles de notre collectivité, vous vous dédouanez de votre responsabilité et vous flétrissez cet espace démocratique. 

D’abord en contraignant le débat en commissions, en sabordant le droit de proposition d’amendements des groupes d’opposition sous couvert de règles techniques de pure invention sans fondement juridique. Le résultat est le rejet pur et simple, sans discussion ou ajustements possibles, de nos amendements en commission des finances.

L’usage de basse manœuvre pour imposer, à la hussarde, en dernière minute des rapports supplémentaires à l’étude de notre assemblée, en réalité piétine le débat car le temps de travail sérieux nécessaire pour un échange éclairé sur les délibérations n’existe pas. Vous mettez vos propres services, dont nous tenons à saluer la capacité d’adaptation, de résilience et la force de travail, dans une situation de tension permanente inacceptable, il en va de même avec nos collaboratrices et collaborateurs. Ces méthodes vous permettent de fuir le débat public parce que vous n’acceptez pas la contradiction que vous n’êtes pas prêt à accepter une seule de nos propositions parce qu’il vous est insupportable qu’on puisse mettre en lumière les insuffisances de la politique que vous menez qui étouffe toute ambition pour l’avenir de notre région venant d’une tradition où je considère que votre différence au lieu de me léser et m’enrichit je ne cesserai avec les élu·es du Pôle Écologiste de rester mobilisé·es et déterminé·es sur tous les sujets et faire des propositions.

Nous en ferons la démonstration tout au long de cette séance budgétaire. Car, cette année encore, le budget présenté par l’exécutif régional manque cruellement d’ambition. Il manque de vision, il n’est que l’accompagnement servile d’un modèle essoufflé que l’on essaie de maintenir en vie coûte que coûte. Ce budget rattrape au mieux des pans de politiques publiques que vous avez délaissés depuis des années. Alors que les franciliennes et les franciliens aspirent à vivre dans une région dynamique, solidaire et écologique, alors que le monde a profondément changé, que l’avenir appelle de nouvelles ambitions, de nouveaux horizons, de nouveaux outils vous vous contentez d’un budget comptable à grand renfort d’éléments de langage et de communication que vous empruntez à un champ lexical managérial du siècle dernier : la Smart Region, Choose Paris Region cela sent davantage la soumission à l’air du temps pour ne pas dire la défaite que l’ambition d’une vision d’avenir ancrée dans notre histoire qui est pourtant solide et singulière. Votre vénération est quasi caricaturale quand vous faites le choix de la soumission aux agences de notation, celle-là même qui la veille de la crise de 2008 continuait sans doute en sautant comme un cabri, la référence vous parlera, à donner des triples A au CDS (credit default swap) qui ne vaudrait bientôt plus rien plutôt que de défendre les intérêts des francilien·nes qui appelle à des investissements de long terme, important, mais qui ouvre de nouvelles perspectives dans la période qui vient. Donc pour réduire ces mêmes investissement vous vous surprotégez, comme vous l’avez dit Monsieur le Vice-président, en sous-estimant les recettes à venir pour mieux contraindre les dépenses, et pouvoir nous annoncer en fin d’exercice budgétaire que vous êtes assis sur un tas d’or qui dort plutôt que de servir les besoins de notre population.

Mais comment s’en étonner ? Alors que nous avons besoin de plus de services publics, votre boussole est exactement inversée. Vous aspirez à la déconstruction de tout ce qui fait l’essence : sa proximité, son engagement au service des citoyens, son respect des agent·es qui travaillent en son sein, la présence humaine. Vous noyez ces relations dans les eaux glacées du calcul égoïste, du trébuché de la dette qui devrait nous servir et qui au contraire nous asservi. Vous choisissez la privatisation accélérée de pans entiers de service public plutôt que de les pérenniser en affectant forcément sa qualité et au fond, si on analyse cette tendance, elle traduit la mise en œuvre de politiques favorables au plus riches alors que vous devriez assurer à tous les franciliens et franciliennes sans distinction de moyens de répondre à leurs besoins quotidiens. Contrairement à ce que vous affirmez, vous n’avez de cesse de FRAGILISER les franciliennes et franciliens dans leur quotidien. 

Nous, au Pôle Écologiste et avec tous nos partenaires de gauche, nous voulons rompre avec le projet mortifère que vous portez et PROTÉGER les habitantes et habitants de notre région, dans tous les aspects de leur vie quotidienne. Le premier d’entre eux est le pouvoir d’achat et nous pouvons prendre notre part, justement en augmentant celle des services publics dans les prestations du quotidien, des transports qui soient dignes de la première région d’Europe et des lycées qui ne s’effondrent pas. En augmentant les moyens nécessaires à un développement et un aménagement du territoire écologique, protecteur de la santé des franciliennes et franciliens, des biens communs, de notre production agricole, de la biodiversité.

Nous aurons l’occasion dans l’étude des annexes budgétaires de montrer toute l’insuffisance de votre projet. Je souhaite ici donner un avant-goût de ce que nous considérons être un budget en trompe-l’œil et ce que nous proposons pour en faire un véritable outil à la hauteur de la région capitale. 

De nombreux budgets sectoriels essentiels sont en baisse. L’annexe “environnement” est en baisse de 19% c’est regrettable pour une région qui se veut à l’avant-garde de la transformation écologique du territoire. Nous proposons au contraire d’investir massivement dans la transition écologique, pour rendre notre région exemplaire en la matière, pour changer le modèle de développement de notre territoire. Vous le savez, les collectivités locales représentent 70% de l’investissement public civil. Si la région décidait d’exiger des normes ambitieuses au niveau environnemental ou social ce sera le levier multiplicateur phénoménal car l’ensemble de nos fournisseurs, de nos clients seraient amenés à répondre à nos propres exigences. La région devrait être performatrice et vous la réduisez à être un acteur secondaire du monde économique qui n’impulse aucune orientation forte pour l’avenir c’est du gâchis.

Le budget sur l’aménagement du territoire est lui aussi en baisse chronique. Là, une seule cible, le logement social. Votre désengagement méprise les 700 000 franciliennes et franciliens qui attendent de pouvoir trouver dans le logement social un moyen de vivre dignement. Sous couvert de lutte contre les ghettos, votre choix n’est jamais de contraindre vos amis, maires de droite, au respect de la loi SRU imposant 25% de parc social. Vous encouragez l’entre-soi de ceux qui vont bien, en multipliant les ghettos de riches d’un côté et en fustigeant de l’autre le communautarisme qui est juste votre manière de désigner les pauvres.

Enfin, la formation professionnelle souffre de vos coupes budgétaires incessantes. Après la destruction des Espaces Dynamiques d’Insertion qui assuraient un accompagnement au plus près des franciliennes et franciliens, de Défi Métiers, des missions locales, de pas moins de 6 lycées professionnels parisiens, vous poursuivez donc la dévitalisation de la politique de formation professionnelle de notre région.

Nous notons une augmentation du budget consacré aux transports pour l’année 2024. Mais cette augmentation ne peut pas compenser les années de déshérence et votre usage immodéré pour améliorer les routes est une impasse qui finit bien souvent sur les grands projets inutiles.

Enfin, et pour terminer, nous en venons aux choix budgétaires que vous opérez pour nourrir une sorte d’obsession sécuritaire. Cette année encore, vous investissez massivement dans ce champ de politique publique qui n’est pas de votre compétence, qui est une charge que l’État doit assurer mais dont, pour de pures raisons électoralistes, vous feignez de reprendre en charge. Si la sécurité est nécessaire, je vous assure que l’encadrement pédagogique dans les lycées serait plus efficace. Quitte à sortir de vos compétences il serait plus adapté de recruter du personnel d’encadrement pédagogique que des brigades de sécurité (BRS). Cela ne remplacera jamais l’écoute, la pédagogie, la sensibilisation, l’accompagnement dont les lycéen·nes ont besoin pour trouver une stabilité dans leur développement. La prévention plutôt que la répression, voilà notre proposition. Et nos divergences en réalité peuvent se réduire à une simple divergence de traduction d’un même sigle. Pour vous les BRS ce sont les brigades régionales de sécurité, pour nous il pourrait s’agir du Bail Réel Solidaire. Ce sont deux visions du monde bien différentes.

Merci

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Conseil régional : Décembre 2023

Thématique : Institution

Élu·e : Roberto Romero