Merci Monsieur le Vice-président,
Je vous ai écouté avec attention expliquer que la constance des ratios permettait à la région de maintenir le “cap”, se satisfaire d’un “vrai effort de gestion”, d’un faible encours de dettes, se gargariser de “ratios performants”, avec une épargne brute, un autofinancement, une capacité de désendettement rien de moins que “remarquables”.
Mais remarquables pour qui ?
Pour les agences de notation auxquelles il s’agit de plaire toujours plus ? Parce que pourquoi vous vous désendettez ? Vous nous le dites : pour pouvoir emprunter à un meilleur taux.
Donc si je résume, vous thésauriser afin de pouvoir emprunter à taux plus bas un argent que vous n’emprunterez pas ? Vous n’êtes pas à une contradiction près. La bonne gestion finit par être la bonne blague, car elle n’est pas au service des Francilien·nes et des Franciliens.
Et ce n’est pas comme s’il ne se passait rien. Ce n’est pas comme s’il y avait une transition énergétique et une crise écologique qui sont devant nous et dans lesquelles il faudrait investir et lourdement. Car si on peut négocier avec son banquier, on ne peut pas négocier avec la nature. Les investissements massifs sont à faire aujourd’hui, demain il sera trop tard. Et vous aurez beau être assise sur votre tas d’or, accrochée à votre note Fitch, comme Harpagon à sa cassette, il sera trop tard.
Joe Biden, à la tête de la première puissance économique du monde, a lancé en août dernier un plan de relocalisation écologique pour plus de 370 milliards de dollars…et c’est le pays le plus endetté du monde. Il le fait parce que c’est nécessaire, pas par plaisir parce que sinon cela sera trop tard.
Pourtant, vous pourriez jouer à plein un rôle moteur, avec des dépenses d’investissement utiles, efficientes et durables dans les secteurs clés des transports publics, de l’environnement et de la préservation des ressources et de la biodiversité, de la transformation profonde de notre modèle économique.
Vous pourriez jouer à plein un rôle d’amortisseur, avec des dépenses de fonctionnement au service du renforcement, de la juste répartition et de l’amélioration continue des services publics.
Vous pourriez jouer à plein un rôle d’impulsion, en matière d’innovation, de concertation, de qualité du débat public, de renforcement de la co-construction des politiques publiques. Que nenni.
Non. Vous votre sport préféré c’est la course aux ratios, à Fitch, Standard and Poor’s ou encore Moody’s que vous arborez tels des médailles, qui font penser à ces vieux généraux qui regardent leurs défilés poussiéreux avec des armées cacochymes alors que leur monde s’écroule, car il change de base, accrochés à leurs vieilles antiennes, à leur paradigme dépassé, mais qui veulent maintenir leurs illusions comptables de documents budgétaires abscons et désincarnés.
À quoi tout cela sert-il si ce n’est pas au service des Francilien·nes et des Franciliens ?
Drôle encore, vous affirmez craindre pour vos recettes. Mais celles dont vous disposez, vous ne les dépensez même pas, alors que les besoins dans notre région sont criants.
Le CESER ne dit pas autre chose et met aussi la lumière sur la mauvaise gestion de la programmation des fonds européens, sur la certification, les délais de paiement, les dégagements d’office… nous le disons depuis 2015 : le résultat est accablant.
Comment donc ne pas voter CONTRE ce compte administratif ? Parce qu’il est le reflet exact de cette politique que nous combattons, gestionnaire, court-termiste, amplificatrice d’inégalités, sourde aux urgences sociales et aveugle aux enjeux climatiques.