Compte administratif2021: pour Hella Kribi-Romdhane la Droite épargne encore sur le dos des Franciliens

A

Madame la Présidente,

Monsieur le Vice-Président,

Monsieur le Président du CESER,

Cher·es collègues,

C’est malheureusement sans surprise, mais avec beaucoup d’inquiétude, que nous retrouvons dans ce CA les éléments qui vous font dire, dans un perpétuel autosatifecit, que vous gérez bien cette région, mais qui nous montrent à nous, qui sommes sur les territoires, auprès des habitant.es, au plus près de leurs besoins, témoins de leur détresse, que vous économisez sur leur dos.

Vous le reconnaissez vous même en introduction du rapport sur le bouclier social que nous étudierons ensuite : “La crise de la Covid-19 a révélé et accentué les fractures sociales et territoriales ainsi que les vulnérabilités” et  “En parallèle de [la] nouvelle pauvreté, la situation des personnes vivant déjà dans la précarité s’est aggravée”. 

Trouvez-vous donc normal, alors que nous vivons une crise sans précédent et que des gens souffrent d’afficher invariablement de tels niveaux d’excédent – 450 millions d’euros en fonctionnement -, de telles sous-consommations de crédits, de tels niveaux d’épargne ? 

Capacité d’autofinancement en hausse perpétuelle, désendettement d’à peine 4 années (il en faut 15 pour être considérée en surendettement…), taux d’épargne nette qualifié d’”historique” par le CESER, taux d’épargne brute à 31,7 % quand le seuil d’alerte est à 11/12 %…

Franchement, nous vous le disons, nous, nous trouvons cela indécent.

Vous êtes une région, pas une entreprise. Et vous devez aux citoyen.nes du service public et une trajectoire ambitieuse et vertueuse pour améliorer concrètement leur quotidien et répondre aux grands enjeux sociaux, humains et climatiques.

A l’instar du CESER, nous nous inquiétons, sans malheureusement nous en étonner, sur de nombreux points. Je n’en citerai que quelques uns : 

  • un écart très important, en Politique de la Ville, entre les CP (17 M€) et les AP (23 M€) inscrits au budget régional 2021 et une grande faiblesse d’exécution des crédits de paiement (moins de 40 %). 

On ne répétera jamais assez pourtant qu’une Politique de la ville ambitieuse, c’est majeur pour la cohésion sociale, pour lutter contre les inégalités territoriales, pour le bien-être et l’émancipation des habitant.es ;

  • un taux d’exécution faible des crédits inscrits en faveur du programme de lutte contre la précarité énergétique (moins de 40 %).

La lutte contre la précarité énergétique, par la rénovation thermique des logements notamment, est une priorité absolue, sociale, économique, écologique. Vos objectifs annuels sont bien trop faibles au regard des besoins des habitant.es et des exigences climatiques, et votre rythme d’intervention l’est encore plus…Il y a vraiment urgence. 

  • la faiblesse des mandatements et donc des actions effectivement réalisées dans le domaine de l’efficacité énergétique pour réduire les GES. 
  • le fort taux de sous-consommation des crédits des fonds européens, qui rappellent de forts mauvais souvenirs. C’est une alerte.
  • une maîtrise des dépenses de fonctionnement – ou plus précisément une compression des dépenses de fonctionnement – dans les lycées et les établissements de formation, alors même que les besoins et les attentes y sont particulièrement forts. 

Bien que la crise sanitaire COVID-19 ait considérablement impacté les conditions de travail des agents des lycées qui étaient pourtant en première ligne, bien que leur surcharge de travail se soit amplifiée avec l’application du protocole sanitaire, que beaucoup se soient légitimement plaint.es de ne bénéficier d’aucun temps de repos, de matériels manquants, bien que la part d’agent.es titulaires dans les lycées ne fasse que baisser, que leurs missions soient difficiles, que leurs conditions de travail se dégradent, que leur moyenne d’âge augmente, vous vous vantez de votre “maîtrise des dépenses de fonctionnement” et d’avoir mis un coup d’arrêt net à la dynamique salariale. 

Vous n’avez ni plus ni moins tourné le dos à  vos responsabilités d’employeur.

Il n’y a qu’à voir tous les témoignages que nous avons reçus l’an dernier. Du Collège-Lycée Jules Ferry à Paris, du Lycée Balzac à Mitry-Mory, du Lycée Pierre-de-Coubertin à Meaux, du Lycée Emilie du Châtelet à Serris, du Lycée François Villon des Mureaux, du Lycée Condorcet à Limay, du Lycée Jean Renoir à Bondy, du Lycée Jacques Feyder à Epinay-sur-Seine, du Lycée Mozart au Blanc Mesnil, etc., etc., etc.

Vous êtes plus rigoureuse quand il s’agit des agent.es publics dont vous n’hésitez pas à abîmer les conditions de travail, au détriment du bien être et du service public, que vis à vis de cabinets de conseil auxquels vous avez donné depuis 2015 au moins 12 millions d’euros.

Et côté investissement, c’est pareil. Des travaux nécessaires qui se font trop attendre ou réalisés avec des matériaux peu qualitatifs à des fins d’économies, des toits des lycées s’écroulent, des sols qui deviennent de véritables mares. La faute au sous-investissement criant de la région pour les lycées publics. 

J’en finirai là : Année après année, vous répétez le même schéma, en fermant les yeux sur la précarité sociale galopante, la crise écologique et ses effets déjà si palpables, la crise démocratique. 

Vous vous enfermez dans un modèle passéiste – celui-là même que nous allons voir invariablement décliné dans vos schémas planificateurs tout au long de cette séance -, un modèle inégalitaire et prédateur de ressources, qui méprise et hypothèque l’avenir de notre région.

A l’occasion du vote du budget supplémentaire 2020, en pleine crise sanitaire, Julien Bayou, pour le groupe écologiste, avait cité Bruno Latour  : “Si on ne profite pas de cette situation incroyable pour changer, alors c’est gâcher une crise”.

C’était il y a deux ans et vous n’avez rien changé.

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Conseil régional : Mai 2022

Thématique : Institution

Élu·e : Hella Kribi-Romdhane