Madame la Présidente,
Cher·es collègues,
Nous arrivons enfin au débat qui aurait dû avoir lieu il y a 3 ans sur le tant attendu volet mobilité du CPER. Vous nous proposez une maquette pour les investissements dans les transports dans les 5 prochaines années. Et nous n’avons eu que quelques jours pour l’examiner et les conditions du débat ne sont pas vraiment à la hauteur des 8 milliards d’euros de ce CPER.
Cette discussion, a lieu dans un contexte difficile pour les usager·es : il y a 12 jours, une rupture de canalisation dans un local technique a entraîné l’arrêt total des RER A, B et D et un chaos incroyable dans toute la région. Hier c’était une panne sur la ligne 14 du métro, avec des passagers bloqués dans un tunnel. Le 12 décembre et encore ce matin, une panne sur le RER C entraînant des embouteillages de voyageurs·es dans les escaliers. Toutes ces pannes démontrent l’obsolescence d’un réseau qui ne tient plus.
Les rapports parlementaires s’empilent pour tirer la sonnette d’alarme. Mais le constat reste le même : le sous-investissement est devenu chronique. L’année dernière, ce sont les sénateurs MAUREY et SAUTAREL qui le disaient : “Les réponses très insuffisantes mises en œuvre par l’État expliquent l’état profondément dégradé et vieillissant du réseau français”. Le réseau ferré francilien ne fait pas exception : l’urgence de la rénovation est bien là. Le président de la RATP l’a justement formulé récemment : les infrastructures de notre réseau historique tendent à l’obsolescence voire sont obsolètes, ce qui fait courir un problème de qualité de service pour les usager·es et interroge également sur le risque pour leur sécurité. L’accident de Brétigny n’est pas si loin.
Alors c’est sûr qu’un changement d’aiguillage, c’est plus difficile à inaugurer qu’un nouveau métro. Mais le quotidien des francilien·nes est tellement dégradé que le sauvetage du réseau doit être une priorité.
Hélas, cette priorité ne se voit pas dans ce projet de CPER. À peine 15% des crédits pour la rénovation des infrastructures du réseau. C’est insuffisant. Très insuffisant.
Nous proposons donc un amendement pour faire de la rénovation des transports existants, une vraie priorité d’investissement.
Sur l’accessibilité, on pouvait espérer une mise à l’agenda politique dans ce nouveau CPER et c’est totalement absent. Nos sociétés ont pourtant bien besoin de plus d’inclusion et de transports véritablement pensés pour toutes et tous.
Concernant les nouveaux projets de métro, une fois les crédits encore engloutis par le pharaonique EOLE, il reste des études pour pas moins de 15 projets de prolongement de métro. Mais ces 15 projets ne sont pas tous finançables, ni même tous souhaitables. Gouverner c’est choisir, et vous devez le faire pour dire la vérité aux territoires. On ne peut pas tous les faire espérer avec des projets qui ne verront jamais le jour.
Sur les routes enfin, nous ne sommes pas surpris·es, vous allez bien au-delà de vos compétences… La France est la championne du monde des routes et des ronds-points, inutile d’en rajouter. Là encore c’est une affaire de priorité : vous préférez la dépendance à la voiture aux transports pour tous. Pour l’Ile-de-France, ce sera quasiment un milliard sur les routes, entre le volet CPER et les investissements de la région en fonds propres. Un milliard qui n’ira ni aux RER, ni au Transilien ni au métro ou aux tramways.
Permettez moi enfin d’avoir une petite pensée pour les ouvriers du bâtiment et des travaux publics composés à 60% d’étrangers et qui feront de ces projets des réalités.