L’exécutif régional, qui se prétend féministe, fait passer un amendement contre l’écriture inclusive avec le soutien du RN… Annie Lahmer les interpelle

A

Madame LE Président, 

Monsieur le Vice-Président,

Donc vous nous dites que 63 % des françaises et de français sont contre l’écriture inclusive. C’est un sondage de l’IFOP. Mais 75 %, sondage de Harris, sont pour. 

Vous nous dites que la langue et l’écriture ne sont pas seulement des outils de communication. La langue et l’écriture véhiculent un ensemble de valeurs, de pensées et de représentations du monde, un monde égalitaire où les petites filles peuvent rêver de fonctions généralement réservées aux hommes.

Restaurer la langue française dans ses droits : le masculin générique est imposé à partir des 17e et 18e siècle. Je vous conseille de lire Eliane Viennot, Julie Abbou, Laélia Véron, ça pourrait peut-être vous intéresser. Vous pourrez comprendre à quel moment on est passé à l’écriture masculine. Elle est nuisible à l’apprentissage. C’est une question de normes et d’habitudes comme toute norme sociétale. Ce n’est pas parce que nous ne sommes pas habitués que cela ne doit pas changer. Le point médian est juste une simplification écrite, une convention graphique du langage oral. 

Alors que je pense que vous savez, nous avons des formations qui sont obligatoires et donc une formation qui est égalité femmes hommes qui nous est proposée par le centre Hubertine Auclert. 

Alors vous avez un fascicule qui est très intéressant, le Langage Égalitaire qui a été fait par le centre Hubertine Auclert et donc je vais pouvoir vous lire pourquoi c’est un enjeu important l’écriture inclusive : “La langue n’est pas imperméable aux inégalités femmes/hommes qui traversent la société. En 1647, 12 ans après la création de l’Académie Française, Claude Favre de Vaugelas affirme que “le genre masculin, étant le plus noble, il doit prédominer toutes les fois que le masculin et le féminin se trouvent ensemble”. Redonner toute sa place au féminin dans la langue, c’est déconstruire une langue inégalitaire qui a tenté de s’imposer durant 3 siècles. Le langage construit nos représentations sociales du monde et par extension nos comportements et nos pensées. De nombreuses études ont montré que l’usage seul du masculin active des représentations davantage masculines que féminines. Il peut être plus difficile pour une petite fille de se projeter en tant que future pompière, autrice ou même présidente si ces mots ne sont jamais employés. Il n’y a pas de combats accessoires pour l’égalité femmes-hommes : l’absence de déclinaison des noms de métiers dans leur forme féminine est à mettre en regard avec la faible diversification de métiers qui s’offrent aux jeunes filles ; 50 % des femmes se concentrent dans seulement 12 des 87 familles de métiers. 

Pourquoi parler de langage égalitaire plutôt que d’écriture inclusive ? 

L’enjeu ne se limite pas à l’écriture et à la typographie, mais s’étend à la langue orale, à sa grammaire et sa syntaxe, à la communication visuelle et à l’usage des couleurs, aux adjectifs employés pour caractériser les femmes et les hommes, par exemple. 

Inclusive ? Le féminin est déjà inclus dans la langue, mais il a été historiquement invisibilisé. Il ne s’agit pas de « féminiser » la langue et d’inventer des formes féminines ex nihilo, mais de redonner la même place aux formes féminines et masculines.” 

Donc je remercie le centre Hubertine Auclert qui fait vraiment un travail extraordinaire mais je vois que la majorité ici, la droite ici, reste campée sur des pratiques d’un monde ancien.

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Conseil régional : Décembre 2022

Thématique : Institution

Élu·e : Annie Lahmer