Lutte contre les déserts médicaux : intervention d’Anne-Claire Jarry-Bouabid

A

Monsieur le Président de séance,

Nous n’avions pas voté le vœu présenté par le groupe UDI sur la régionalisation des compétences de santé. Mais nous allons voter POUR votre vœu qui propose aujourd’hui de lancer une étude de préfiguration d’un GIP – groupement d’intérêt public – pour favoriser l’installation de médecins dans nos déserts médicaux.

Parce que comme vous nous faisons le constat :

– de la pénurie de médecins, vieillissement du corps médical et de la population (même s’il faut rappeler que l’espérance de vie en bonne santé ne dépasse pas les 65 ans dans notre pays) ;

– plusieurs territoires de notre région et notamment en Seine-Saint-Denis sous-dotés et qui présentent des indicateurs de santé alarmants. Un taux de surmortalité en Seine-Saint-Denis au plus fort de la crise COVID a été de 130 %, mais il y a aussi d’autres villes dans cette situation c’est vrai ;

– on a un système de santé est à bout de souffle qui, ces dernières décennies, a subi des décisions qui ont fait la part belle à un modèle économique concurrentiel, déconnecté des besoins des populations et vous le savez dans notre région on ferme des hôpitaux de proximité pour créer des mastodontes, des structures de santé rivées sur des objectifs budgétaires intenables alors que éducation et santé sont les 2 éléments clés qui font la grandeur d’un pays.

Que faire aujourd’hui ?

– on ne va pas dans ce voeu revoir en profondeur notre modèle, sortir de la logique concurrentielle et de rentabilité dans laquelle sont plongés les établissements de santé

– on aspire à un accès aux soins des usager.es, un véritable parcours de soins, je rappelle là aussi que quand on regarde les objectifs de développement durable, qui ne sont pas que pour les pays en développement mais qui sont suivi aussi statistiquement par l’INSEE, l’objectif 3 relatif à la santé et au bien-être montre que plusieurs millions de personnes en France n’ont pas accès aux soins dans notre pays en 2020, aucun examens, aucun traitement médical, et c’est le cas pour certains dans notre région.

Alors, oui à cette expérimentation mais nous serons exigent·es sur la priorisation des territoires les moins bien dotés, vous avez du voir mon collègue Prud’homme faisait référence au Centre-Val-de-Loire où la chambre régionale des comptes a rendu un rapport qui montre que certains centres étaient dans des villes là où il y avait peut-être moins de besoin, manque de taille critique des établissements, problème de financement du modèle, c’est une vraie question. Est-ce qu’on pourra financer seulement avec des remboursements d’assurance maladie ? C’est ce qui est proposé là mais ça n’a pas tenu en Val-de-Loire. Encore une fois nous serons vigilants et nous ne sommes pas nous pour la régionalisation de la santé en général, on a vu comment ça s’est passé en Italie où le modèle de santé est financé par un impôt qui n’existe plus en France sur la valeur ajoutée mais qui a créé des inégalités et des vraies difficultés de prise en charge des patients qui vivaient dans les régions les moins prospères.

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Conseil régional : Mars 2023

Thématique : Santé et solidarités

Élu·e : Anne-Claire Jarry-Bouabid