Pour Charlotte Nenner, le projet Eole c’est un projet qui a vampirisé tous les autres transports

A

Monsieur le Vice président,

Chers collègues

Je veux souligner au préalable l’importance de cette mission, et la qualité du travail que nous avons mené. C’est un vrai travail de service public et de vérité que nous devions aux franciliennes et francilien. Et saluons aussi la transparence de nos auditions, toutes publiques et toutes disponibles en replay.

Nos constats et nos préconisations doivent nous faire progresser collectivement sur ce type de grands projets, qui impactent tant le quotidien des franciliens, comme le futur du territoire.

Je me réjouis donc que le rapport ait été voté à l’unanimité. Nous avons tous joué notre rôle d’élu régional, garants de l’intérêt général, et exerçant un rôle de contrôle et d’évaluation. 

Mais revenons au projet de transport EOLE et comment comprendre ces surcoûts.

Évidemment que le projet était compliqué et que les aléas techniques ont été nombreux. Citons la fragilité des poteaux sous le CNIT, la nappe phréatique à Porte Maillot… Mais la majorité des surcoûts s’expliquent par des défaillances graves de SNCF Réseau. Impréparation, manque d’anticipation, opacité dans le suivi et le pilotage des coûts, manque de transparence des informations, sous-évaluation initiale relevant du jeu de dupes… La responsabilité de SNCF, devenue Société Anonyme, est lourde de conséquence pour les finances publiques. 

Mais au travers de nos auditions, on a eu l’impression que chacun se renvoyait la balle, entre la région, SNCF, l’Etat, IDFM et les départements. Et la prise de décision n’a pas été facilitée par le manque d’informations. Mais y’ avait-t-il un pilote dans l’avion – ou plutôt dans le train ? La région, comme IDFM a montré son absence de leadership. Les problèmes de gouvernance ont été majeurs et il y a beaucoup à apprendre pour que ce fiasco ne se reproduise pas.

Je voudrais aussi souligner l’absence de financeurs privés ou semi-privés, qui ont été influents sur le projet et qui seront souvent des bénéficiaires directs de ce nouveau RER.

C’est notamment le cas de l’EPAD et à travers lui le secteur immobilier de la Défense, du CNIT et Unibail, du Palais des congrès ou même de la fondation Louis Vuitton.

Mais au-delà de ces conclusions de mauvaise gestion, nous voulons ici questionner le projet en lui-même, notamment dans son dimensionnement.

En visitant les deux chantiers de La Défense ou de la Porte Maillot, on a été frappé par la démesure d’un tel projet, par son gigantisme.

EOLE c’est un projet pensé pour offrir à la Défense une alternative au RER A en cas de panne, d’où le dimensionnement gigantesque des quais.

À Porte Maillot, une centrale à production de béton en continu est nécessaire pour alimenter les besoins du chantier, tant les besoins sont importants. 

EOLE ce sont des gares qui prennent la forme de cathédrales de béton, très à la mode des années 90, mais désormais obsolètes et surtout à rebours des enjeux climatiques et environnementaux du XXIe siècle. Je vous invite à écouter sur France culture, l’histoire du RER A et beaucoup de ce qu’on a entendu à propos de EOLE en 2022 ressemblait à ce qu’on pouvait dire des transports et de l’aménagement en 1965, en plein milieu des trente glorieuse.

Sous évalué, mal piloté et surdimensionné. 

Voilà le bilan de l’extension de EOLE à l’Ouest.

Mais le vrai problème d’EOLE c’est que c’est un projet vampire, un projet qui vampirise tous les autres transports du quotidien, passés et futurs. 

Le projet EOLE c’est 3,4 milliards, mais avec un surcoûts et une inflation comprise cela sera 5,6 milliards (+60%).

En conséquence 1 EOLE c’est autant que 14 tramways ou 16 stations de métros supplémentaires ou une trentaine de nouveaux BHNS comme le AixExpress ou la ligne B à Clermont-Ferrand. 

Pour 1 nouveau RER qui relie Paris à La Défense et qui renforce le déséquilibre territorial entre Est et Ouest… combien de projets de transports utiles au maillage et à la desserte du territoire ont été enterrés ?

Les transports du quotidien doivent absolument être la priorité dans le cadre de la double révision du SDRIF-E et du plan des mobilités.

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Conseil régional : Juillet 2022

Thématique : Transports et mobilités

Élu·e : Charlotte Nenner