Schéma Régional de Développement Économique et d’Innovation : un leurre pour Sorayah Mechtouh

A

Madame la Présidente,

Madame la Vice-présidente,

Mes très chers collègues, 

Une fois n’est pas coutume, j’aimerais commencer cette intervention en saluant l’effort et le travail fait, notamment pas les services pour cette édition 2022-2027 de ce SRDEII. En effet, nous notons l’effort sur la méthode et la technique de concertation là où vous aviez failli lors de la dernière édition. À tel point que nous n’avons pas rechigné à voter l’enveloppe supplémentaire d’environ 8% à destination des prestataires de cette consultation…dépassement qui montre peut-être que vous n’aviez pas prévu, au départ que cette concertation prenne autant d’importance et que, peut-être, suite à nos demandes répétées que vous avez réorienté votre méthodologie.  

Une fois dit ceci, quel dommage vraiment vraiment d’utiliser une si belle technique au service d’un projet politique qui date d’un autre siècle. 

Car en effet, si la forme diffère, que les partenaires ont été un peu mieux intégrés et les départements impliqués, le fond ressemble bien, lui, à la même politique mortifère que vous nous servez depuis des années. Cette politique qui sert les mêmes intérêts privés, les mêmes secteurs d’activités, dont la contribution à l’intérêt général est plus contestable que l’impact négatif sur les conditions de travail des salarié·es, sur l’environnement, la biodiversité et les ressources naturelles.

Ce ne sera pas une surprise, nous n’avons définitivement pas la même vision du monde.

Ça commence dès le constat : « Malgré tout, la crise « covid » a démontré la réalité et les valeurs qui font la force de l’économie francilienne : l’esprit d’entreprendre, l’extrême résilience et l’inventivité de nos entrepreneurs, l’innovation, technologique comme, et la coopération renforcée entre acteurs publics et privés, au service de l’intérêt commun ».

Désolée de vous le dire, mais ce qui a fait la force de l’économie francilienne pendant la crise c’est la solidarité, c’est la sécurité sociale, ce n’est pas « l’esprit d’entreprendre ». 

De la même manière, on a du Leader et de Compétition à tous les étages. À tel point que même le mot coopération vous fait mal, et apparaît alors le terme de coopétition. Pourtant, être leader n’est pas l’enjeu principal de notre période. Je vous le rappelle, il nous reste trois ans pour agir. 

À première vue pourtant les titres sont attrayants : « Réduire les inégalités sociales et territoriales », « Mettre les innovations stratégiques au service de la décarbonation » on a failli être contents…. et puis on a lu.  Ces titres d’axes ressemblent plus malheureusement à du marketing qu’au descriptif d’actions économiques d’ampleur permettant de prévenir les grands changements à venir. 

Vous érigez les technologies comme la solution ultime pour répondre aux enjeux environnementaux et climatiques, pour décarboner l’économie, mais en réalité, cela ne sert qu’à préserver votre modèle de consommation de masse au détriment d’un changement en profondeur. Vous restez figé·es sur votre totem de l’attractivité, qui par nature est en contradiction avec les exigences de notre temps. 

On ne pourra pas sauvegarder les modes de vie du début du XXIe siècle et l’idée de croissance verte est un leurre. Quelle méprise que de mettre l’innovation au service de la consommation, alors qu’elle devrait être raisonnée et servir le mieux-vivre, le mieux-être dans le respect de la planète.

Cependant, des efforts ont été fait notamment sur l’Économie Sociale et Solidaire (ESS). Oû nous vous avions porté, à votre attention plusieurs fois dans cet hémicycle, par exemple le sujet de la reprise collective en SCOP, pas assez mis en œuvre dans notre région. Nous avons donc plaisir à le retrouver ici. Pour autant, votre vision de l’ESS est une fois de plus celle de l’économie de la réparation plus qu’un levier de transformation des modes de productions et de consommation. Elle est souvent citée, mais peu priorisée, alors qu’on débloque un budget de 1,8 Milliards € pour le Plan quantique national sur 5 ans, nous n’avons pas vraiment de chiffres sur le financement de l’ESS dans ce plan… 

Au passage vous reprochez à l’ESS de ne pas avoir été Leader de la transition écologique, et cela démontre bien la philosophie en fait de cette région qui consiste à demander plus à ceux qui font déjà énormément et pour le reste se contenter de quelques règles incitative. 

Le principal reproche que nous avons à faire a ce SRDEII c’est d’être dans le curatif pour maintenir à tout prix votre modèle, plus que dans la transformation d’ampleur. Pour vous citer un exemple, en 2022 nous en sommes encore à – c’est l’Action 9 – « Étudier l’opportunité de mettre en place un Campus de Métiers et des Qualifications sur les métiers de la transition écologique« .

Nous sommes en 2022, c’est un peu tard. Vous l’avez compris nous applaudissons la technique, mais au service d’un projet politique qui est inadéquat à notre siècle cela ne suffit malheureusement pas.

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Conseil régional : Mai 2022

Thématique : Économie

Élu·e : Sorayah Mechtouh