Valérie Pécresse abandonne le secteur du Logement

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Intervention de Muriel Casalaspro lors des séances budgétaires des 18-19 décembre 2024.


Madame la Présidente, cher.e.s collègues

Madame la Présidente, je crois qu’avec votre budget… ou plutôt votre absence de budget en faveur du logement social, on atteint des sommets dans le mépris face aux besoins des franciliens quand on sait que 1 752 000 personnes sont en attente d’un logement dans la région et que moins de  10 % d’entre elles auront une réponse chaque année (840 000 demandes en 2023 pour 68 000 attributions).

En plus de toutes les familles, souvent précaires, mais désormais également issues des classes moyennes, que vous laissez tomber, ce sont tous les acteurs du logement et c’est tout le secteur du BTP que vous contribuez à fragiliser davantage.  

Ces acteurs sont particulièrement inquiets et choqués et ils n’ont pas manqué de vous le faire savoir massivement face à des choix politiques qui viennent remettre en cause des centaines d’opérations.

La levée de boucliers est générale et unanime.

Ainsi, l’AFFIL (Association francilienne pour favoriser l’insertion par le logement) qui porte la voix de 80 bailleurs sociaux et associations du logement d’insertion et de l’hébergement en Île-de-France vous a alertée et sa démonstration est implacable et dramatique

Elle fait valoir que l’arrêt des financements de la Région en 2025 représenterait pour les bailleurs sociaux une perte de 74 millions d’euros, ce qui aurait un effet direct sur les montages d’opérations portées au titre des dispositifs de logements accompagnés (foyers de jeunes travailleurs ou encore résidences sociales pour jeunes actifs) mais également pour les opérations des bailleurs.

Cet effet sera immédiat, dès 2025 puisque les subventions régionales sont délivrées à des projets qui ont d’ores et déjà obtenu un agrément et un permis de construire. Ainsi, votre arrêt soudain du subventionnement contraindra les bailleurs à reporter ou stopper le démarrage des travaux d’opérations prêtes à débuter.

Même constat du côté de la FAPIL ou de l’UNAFO qui regroupent également de nombreux bailleurs et acteurs de la promotion et l’insertion par le logement.

Par ailleurs, l’absence de nouvelles mises en chantier du côté du logement social aura par conséquence des effets sur le secteur du BTP, de la promotion immobilière et de l’aménagement. 

L’alliance pour le logement en Ile de France qui fédère aussi des professionnels de l’immobilier et du bâtiment (dont la FFB) a également produit un communiqué de presse face à vos intentions.

Là aussi encore et toujours, le constat d’opérations qui ne verront pas le jour et les effets en cascade sur le fonctionnement de la filière immobilière mais également pour le secteur du bâtiment  : un secteur qui représente en Ile-de-France 10,5% du PIB, 2,3 millions d’emplois non délocalisables et présents sur 100 % du territoire, soit 9% de l’ensemble des emplois. La réduction du volume de chantiers aura mécaniquement un impact rapide sur l’économie, l’emploi, la formation continue, et plus globalement sur le dynamisme de l’Ile-de-France. 

A l’échelle d’un territoire comme Est Ensemble (9 villes en Seine-Saint-Denis), le Président de l’office  public de l’habitat a d’ores et déjà fait les comptes de cet arrêt brutal : sont menacées 15 opérations de construction en locatif social, 6 opérations en Bail Réel Solidaire (environ 500 logements) et 12 opérations de rénovation énergétique sur des étiquettes E/F ou G (plus de 1000 logements).

Mépris des demandeurs, abandon des professionnels du secteur mais aussi incohérence puisque le projet de Schéma directeur de la région Île-de-France (SDRIF-E) voté il y a tout juste trois mois réaffirme la production de 70 000 logements par an, on est loin du budget protecteur que vous vantiez ce matin.

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Conseil régional : Décembre 2024 - Budget

Thématique : Logement et Aménagement

Élu·e : Muriel Casalaspro