Intervention de Kader Chibane lors de la séance plénière du 18 juin
Madame la Présidente,
Bien sûr mon groupe se joint à l’hommage que vous avez rendu à la mémoire de Mélanie, assassinée à Nogent par un jeune collégien, nos pensées vont à sa famille et ses collègues. Toutefois, la motion que vous présentez avec votre exécutif va à contresens de l’apaisement nécessaire face aux situations de violence qui se multiplient chez une partie des jeunes. Non, la réponse sécuritaire ne peut pas être la seule réponse à un mal-être profond qui les touche et qui les pousse à se réfugier dans cette violence gratuite et aveugle.
À ces pertes de repères individuels et collectifs, vous leur proposez le bâton, la sanction financière et même carrément la déscolarisation des lycées publics pour les plus difficiles d’entre eux afin de les concentrer dans des structures dédiées. Quelle démagogie ! Comme si ajouter de la difficulté économique et de l’isolement social allait arranger la situation. Nous sommes convaincus pour notre part que seul un travail patient, de proximité, empreint d’écoute et d’humanité permettra de détourner ces jeunes d’un chemin néfaste. Oui, il faut davantage de prévention, dans et en dehors du cadre scolaire, partout sur le territoire et pour tous les jeunes qui sont en prise d’une manière ou d’une autre, et chaque jour un peu plus, avec des situations violentes notamment sur les réseaux sociaux. Il est impératif qu’enfin l’État et les pouvoirs publics prennent au sérieux la santé mentale des jeunes et renforcent les infrastructures d’accompagnement et de prise en charge.
Vous et vos collègues de droite, là où vous êtes aux responsabilités, vous leur enlevez toute chance de reprendre pied, en coupant dans les crédits pour la prévention à toutes les échelles : ici à la Région avec la suppression des EDI, dans les départements avec l’affaiblissement des Missions Locales, et dans les villes avec la fermeture des espaces jeunesse. Nous ne cessons, nous les écologistes, de combattre vos politiques anti-jeunes parce qu’elles participent à faire d’une partie de la jeunesse en difficulté le bouc-émissaire d’une société qui ne sait plus leur offrir de perspective.
Et que dire, Madame la Présidente, de la pente dangereuse sur laquelle glisse inexorablement votre majorité ? Dans cette motion, vous reprenez, mot pour mot, le vœu du Rassemblement National, vous proposez les mêmes mesures de contrôle et de répression contre les jeunes.
Ça y est, vous avez fait sauter toutes les digues, à l’image de votre ami Monsieur Retailleau, le pompier pyromane de Beauvau, qui fracture la société par sa violence idéologique et verbale, et cible en permanence les étrangers et les musulmans. Pourtant, il est bien chef du parti politique, hérité du gaullisme, auquel vous appartenez.
Nous sommes le 18 juin, Madame la Présidente, et voyez vous, je crois que le Général De Gaulle serait probablement outré par la dérive extrême de ses soi-disant héritiers politiques et par la manière dont vous maltraitez les Français dans ce pays. Il ne reste probablement dans ce pays plus qu’un seul vrai gaulliste, Dominique De Villepin, qui, lui, est resté fidèle à l’esprit du Général et c’est probablement pour cela que lui aussi ne cesse de mettre en garde contre vos dérives.