Voeu « POUR l’interdiction du glyphosate et des pesticides » : intervention de Laurence Abeille

A

Monsieur le Présidente de séance,

Mes cher·es collègue,

La commission européenne a tranché ce matin, nous allons continué à être empoissonné par le glyphosate et ce pour 10 ans. Et nous avons honte, honte de la position de la France qui s’est abstenue lors du vote au Parlement Européen.

Honte de voir encore une fois le principe de précaution bafoué alors qu’il est inscrit dans notre constitution. Honte que les engagement du Président de la République ne soient pas tenus, mais nous sommes aussi en colère car les effets nocifs du glyphosate, comme des autres pesticides, sont connus. L’OMS a classé le glyphosate comme cancérigène probable, mais voilà on continue à autoriser ce poison. On continue à obérir aux fabricants de pesticides qui tirent d’immenses profits et à ignorer les études universitaires et indépendantes qui depuis des années alertent sur les dangers et les effets néfastes de ces produits.

Pourtant, nous savons que l’arrêt des pesticides est inéluctable, notre responsabilité, la vôtre, est d’anticiper et d’engager la transition vers l’arrêt des produits qui nous empoisonnent. 

Gouverner c’est prévoir, gouverner c’est anticiper, gouverner c’est assurer la sécurité, protéger notre santé, préserver les ressources qui nous font vivre et tout le monde du vivant. 

Le gouvernement n’agit pas, il ne soutient même pas l’interdiction du glyphosate dont on connaît avec certitude les effets nocifs. montrons l’exemple et mettons en place les mesures qui permettront d’enclencher le développement d’une agriculture responsable et saine, une agriculture qui nourrisse sans empoisonner, une agriculture qui préserve les sols, mais aussi le sous sol, les cours d’eau, les nappes phréatiques si précieuse à l’heure du réchauffement climatique. Une agriculture qui ne pollue plus l’air que nous respirons. Une agriculture qui cesse de détruire la biodiversité ! Notre écosystème a besoin des insectes, des oiseaux, des amphibiens, des poissons…

L’agriculture dite conventionnelle n’est plus d’actualité, c’est celle qui a été développée au sortir de la guerre sous la pression conjointe de l’état, du crédit agricole et des chambres d’agriculture, et bien sûr des États Unis. L’objectif était de nourrir les français qui avaient crevé de faim pendant la guerre, ce qui était bien sûr une nécessité absolue. Mais l’opportunité était belle aussi pour engager l’endettement massif des paysans, les obliger à détruire les haies – il fallait bien la place pour faire passer les engins agricoles venus des États Unis qui débarquaient par milliers dans les ports de l’Atlantique -. Ce fut le début d’une agriculture industrielle et chimique, destructrice de l’environnement mais aussi du monde paysan. La spirale infernale n’a pas cessé depuis. Les agriculteurs à qui on a tant demandé et qui ont tant souffert demeurent lourdement endettés, mal rémunérés et ils sont constamment incités à poursuivre dans cette voie destructrice d’une agriculture non pas vivrière mais exportatrice de produits contaminés par les substances chimiques, substances dont ils sont aussi les victimes.

Alors oui, la France est sortie de la misère de l’après guerre. Mais à quel prix ! 

Les lobbies de l’industrie agricole ont eux prospéré. Ils ont mis en place la même stratégie que les fabricants de cigarettes, la stratégie du doute. Vous connaissez bien sûr ce système qui consiste à financer des études dès que des chercheurs indépendants produisent des résultats qui viennent contrecarrer le développement des produits nocifs. 

Ça a été la même chose avec l’amiante qu’il a fallu une centaine d’années pour interdire enfin !

Et pourtant on peut parfaitement engager la transition vers l’arrêt des pesticides ! La réponse des industriels est constamment reprise par le gouvernement français, par les syndicats agricoles, la FNSEA en tête. 

Ils serinent à longueur de temps qu’il faut d’abord des produits alternatifs. Qu’il est impossible de supprimer les pesticides. Nous savons que c’est faux. L’agriculture biologique peut nous nourrir et nourrir la planète. Mettons-y les moyens ! Comme après guerre, nous avons mis les moyens pour nourrir nos concitoyens. 

Soutenons fortement celles et ceux qui s’engagent dans cette transition. 

Il en va de la survie de nos sols, de nos terres. Il en va de notre santé à tous

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Conseil régional : Novembre 2023

Thématique : Environnement

Élu·e : Laurence Abeille